J’ai longtemps eu peur d’écrire de la science-fiction! Sans blague : j’évoluais en pleine dissociation. D’une part, j’étais une lectrice de science-fiction avide et ne retournais à la Grande Littérature que pour satisfaire aux exigences de mes cours de littérature. D’autre part, j’écrivais en suivant les modèles qu’on m’avait présentés comme appartenant à la littérature.
Je ne le faisais pas par snobisme : je n’avais aucune pudeur à lire de la science-fiction. C’est juste qu’on me l’enseignait très rarement dans mes cours. C’était plutôt par respect que je n’en écrivais pas : je connaissais assez le genre pour connaître ses exigences. Moi qui avais la plume facile, je savais bien qu’il me faudrait sortir de ma zone de confort si je voulais écrire de la science fiction. Exit les préjugés par rapport au genre. S’il est super facile d’écrire de la mauvaise science-fiction (au congrès Boréal, chaque année, il y a un concours de « maltraitement de textes » qui l’illustrent bien : lisez ce que Philippe Aubert Côté en dit), en écrire de la bonne n’est pas chose aisée.
Pour écrire de la littérature générale, il suffit de bien écrire et de savoir construire une histoire. Enfin, je dis « il suffit », mais c’est déjà tout un défi. Cependant, pour écrire de la science-fiction, il faut tout ça et plus : il faut savoir de quoi on parle, et puisqu’on ne parle pas du monde tel qu’on le connaît, il faut se préparer à décrire ce monde qu’on pense qu’on connaîtra ou qu’on aurait connu si. Cela demande tout une réflexion! En plus, si on insère là-dedans des éléments scientifiques (ou de science sociale, c’est semblable), il faut aussi avoir fait ses recherches. Il ne faut pas nécessairement que la chose puisse exister (si elle pouvait exister, elle existerait!), mais il faut qu’on y croie. C’est un peu comme quand on écrit des romans historiques, j’imagine : un anachronisme peut faire décrocher nos lecteurs et lectrices.
Écrire de la SF, c’est du boulot!