Bien faire ses devoirs

J’ai longtemps eu peur d’écrire de la science-fiction! Sans blague : j’évoluais en pleine dissociation. D’une part, j’étais une lectrice de science-fiction avide et ne retournais à la Grande Littérature que pour satisfaire aux exigences de mes cours de littérature. D’autre part, j’écrivais en suivant les modèles qu’on m’avait présentés comme appartenant à la littérature.

Je ne le faisais pas par snobisme : je n’avais aucune pudeur à lire de la science-fiction. C’est juste qu’on me l’enseignait très rarement dans mes cours. C’était plutôt par respect que je n’en écrivais pas : je connaissais assez le genre pour connaître ses exigences. Moi qui avais la plume facile, je savais bien qu’il me faudrait sortir de ma zone de confort si je voulais écrire de la science fiction. Exit les préjugés par rapport au genre. S’il est super facile d’écrire de la mauvaise science-fiction (au congrès Boréal, chaque année, il y a un concours de « maltraitement de textes » qui l’illustrent bien : lisez ce que Philippe Aubert Côté en dit), en écrire de la bonne n’est pas chose aisée.

Pour écrire de la littérature générale, il suffit de bien écrire et de savoir construire une histoire. Enfin, je dis « il suffit », mais c’est déjà tout un défi. Cependant, pour écrire de la science-fiction, il faut tout ça et plus : il faut savoir de quoi on parle, et puisqu’on ne parle pas du monde tel qu’on le connaît, il faut se préparer à décrire ce monde qu’on pense qu’on connaîtra ou qu’on aurait connu si. Cela demande tout une réflexion! En plus, si on insère là-dedans des éléments scientifiques (ou de science sociale, c’est semblable), il faut aussi avoir fait ses recherches. Il ne faut pas nécessairement que la chose puisse exister (si elle pouvait exister, elle existerait!), mais il faut qu’on y croie. C’est un peu comme quand on écrit des romans historiques, j’imagine : un anachronisme peut faire décrocher nos lecteurs et lectrices.

Écrire de la SF, c’est du boulot!

Autopromotion

Ce blogue n’existait pas à la parution de mes deux livres précédents alors, avant de me lancer dans mon blogue, les voici :

À CONTRE-ESPACE

Un vaisseau file vers son autodestruction pendant que des passagers clandestins essaient de s’échapper de sa cale. Une voyageuse qui a décidé de passer ses vacances dans une station balnéaire du passé découvre qu’il y a bien pire que de ne pas pouvoir récupérer ses bagages sur le convoyeur. Une mercenaire qui se réveille de son hibernation au moment inopportun voit sa mission militaire se transformer en une quête spirituelle inattendue. Ces onze histoires de voyages dans le temps et dans l’hyperespace vous donnent, chacune à leur manière, des nouvelles de demain.

Françoise Préfontaine
À contre-espace et autres nouvelles de demain
Cornwall : Anamorphose, 2009, 296 pages.

LES VAISSEAUX COMMUNICANTS

On se souvient des questions diplomatiques soulevées, en 1975, par l’« Apollo Soyouz Test Project », visant l’arrimage entre un vaisseau Apollo et un Soyouz et où les deux puissances se disputaient la pièce mâle. Le débat s’était soldé par la création d’un point de jonction bisexué. Mais qu’arriverait-il si les vaisseaux spatiaux, dotés d’intelligence artificielle, pouvaient vraiment communiquer les uns avec les autres, tisser des liens et, oui, avoir des rapports sexuels. Cette question, déjà explorée dans la science-fiction classique, prend une nouvelle tournure dans ce nouveau roman de la jeune auteure Françoise Préfontaine. Elle y explore les subtilités de l’IA dans un récit où les humains ne jouent qu’un rôle secondaire.

Françoise Préfontaine
Les vaisseaux communicants
Cornwall : Anamorphose, 2012, 428 pages.

 

Lisez-vous les blogues?

J’ai décidé d’aller à contre-courant et de commencer ce blogue alors que plus personne n’en écrit. Il y a eu un âge d’or du blogue, et puis sa désuétude. Vous en lisez toujours, vous, des blogues?

Mais j’ai fait mes recherches et j’ai quand même décidé de me lancer. Oh, ce n’est pas la première fois que je m’y essaie. Il y cinq ou six ans, j’en avais commencé un où je recensais mes plus récentes lectures de science-fiction québécoise. Je ne vous donnerai pas l’adresse parce que j’ai perdu le site depuis. De toute façon, il n’a pas duré très longtemps, car c’est l’époque où je me suis inscrite à Facebook, là où mes activités sociales internettes ont fini par se concentrer.

En passant, n’allez pas vous imaginer que j’ai été parmi les plus rapides à emboîter le pas, même à l’époque! En faisant quelques recherches en ligne, j’ai découvert que le premier blogue daterait de janvier 1994 (à l’époque, je venais à peine de commencer à découvrir internet!) et est l’œuvre d’un étudiant de Swarthmore nommé Justin Hall. Le terme « blog » lui-même vient de « weblog », lequel a été proposé en 1999 par Jorn Barger, puis, la même année raccourci dans sa forme actuelle par Peter Merholz. L’année suivante, le mot « blogue » a été accepté par l’Office québécois de la langue française. C’est vous dire combien le concept est démodé!

Donc en bonne écrivaine de science-fiction visionnaire, j’ai décidé, ici, maintenant, de vous livrer la énième version d’un blogue. Toutes les entrées de ces pages ne seront pas d’un tel esprit méta-, même que le sujet de la présente entrée n’est pas du tout représentatif du contenu qui suivra. J’ai décidé dans chacune de ces éditions d’explorer un problème ou un défi d’écriture. Mais comme il y a plein de guides de l’écrivain et de ressources en ligne qui parlent de ces trucs, je vais le faire de la seule façon qui me permet de me distinguer des autres : je vais en parler de mon point de vue à moi.

Pour terminer, j’imagine que je peux habilement faire le lien avec les prochaines entrées en vous expliquant que, aujourd’hui, le défi d’écriture que j’explorais était celui, pour une écrivaine contemporaine de science-fiction, de s’occuper à la fois de son écriture et de l’épitexte public que constitue le blogue! (L’épitexte, c’est tout le discours qui se situe à l’extérieur du livre mais le concerne; parce que je suis gentille, je vous propose ce lien vers un article entier consacré à la question!)

À la prochaine!