Les vaisseaux communicants de Ricardo

Je vais vous faire une confidence: je me cherche. Chaque fois que je visite une librairie, je vérifie si mes romans y sont. Mon plus récent roman date de l’an dernier. Je ne me retrouve généralement pas sur les rayons.

Je ne blâme pas les librairies: il faut de l’espace pour étaler tous ces livres que les auteurs et auteures n’arrêtent pas de publier sans suffisamment lire ceux des autres. (Méchanceté gratuite: la plupart des écrivains et écrivaines que je connais sont aussi avides de lecture, et c’est le reste du monde qui ne lit pas assez.) À moins que le bouquin ait fait parler de lui de manière significative ou que que ce soit un classique, un livre reste environ trois mois dans les librairies. Ensuite, on ne garantit plus rien. Il arrive que, par chance, il en subsiste un exemplaire sur les tablettes d’une ou deux succursales des grandes chaînes. Sinon, il faut le chercher à l’entrepôt, en commande spéciale.  Les librairies sont avant tout des commerces, et on garde ce qui se vend.

Il m’est arrivé de me chercher dans les catalogues. Et alors, il se passe parfois quelque chose de très amusant. À une ou deux reprises, les libraires m’ont menti. Il m’est déjà arrivé de me faire répondre que j’étais épuisée, alors que je sais très bien que mon éditeur a des piles de moi dans son propre entrepôt. C’est juste que certaines grandes chaînes nationales semblent se baser sur leurs propres stocks, en oubliant l’existence des petits distributeurs: si le livre n’est pas dans leur inventaire, il n’existe pas.

Mais il m’arrive parfois quelque chose de plus particulier: je ne suis pas là où je penserais me trouver. Hier, par exemple, j’ai trouvé Les vaisseaux communicants dans la section cuisine. Remarquez, je ne suis pas la première à être mal classée: je déplace constamment les romans policiers d’Isaac Asimov de la section «science-fiction» à la section «polar», de même que tous les romans dits de «littérature générale» vers la section qui correspond à leur genre. Les œuvres de George Orwell, Margaret Atwood, Karoline Georges, et bien d’autres sont ainsi constamment ramenées vers leurs paires grâce à mes bons soins.

Curieuse, j’ai demandé à la libraire s’il y avait eu une erreur, mais elle m’a dit que, non, ils y étaient sans doute allés par le titre. («Mettez la farine dans un vaisseau de bonne taille et incorporez lentement le lait.») Cependant, en regardant la date de l’achevé d’imprimer, la libraire a sursauté. Elle m’a dit que la vraie erreur était qu’on n’ait pas encore retourné ce livre à l’entrepôt et elle est repartie avec vers l’arrière-boutique sans que j’aie pu dire quoi que ce soit. Ça m’apprendra!

Il est en librairie!

Mon nouveau roman de science-fiction, Rendez-vous sur Apocalypse, est enfin disponible en librairie! Au début, je me demandais si l’image de la couverture n’était pas un peu trop générique, mais en même temps j’adorais les couleurs. Et maintenant que le livre est imprimé, elle me plaît beaucoup. En fait, je préfère une image comme celle-ci, parce qu’on n’y montre pas les personnages. Je n’aime pas trop qu’on m’impose une image mentale de ceux-ci; je préfère m’en faire une idée moi-même. En tout cas, j’espère que ce qu’il y a entre les couvertures vous plaira!

La date du lancement est à confirmer.

Françoise Préfontaine
Rendez-vous sur Apocalypse
Cornwall : Anamorphose, 2016, 428 pages.

De l’omniprésence de l’Apocalypse

J’avais été bien discrète là-dessus, mais maintenant je peux le confirmer : j’aurai un nouveau livre qui paraîtra cet automne. Rendez-vous sur Apocalypse sera publié par le toujours excellent éditeur de mes deux précédents livres : Anamorphose. Je viens de recevoir les premières corrections, et ils ont fait du bon travail comme d’habitude (juste assez de révisions pour me convaincre que l’édition leur tient à cœur, et juste assez peu pour que je garde une assez bonne opinion de mes talents d’écrivaine, ha ha ha!) Je vous en redonne des nouvelles.

Des débuts qui promettent

« Elle qui n’entendait jamais sonner son réveil du temps où elle était sur Terre fut frappée d’insomnie une année-lumière avant son heure. »

« Cette planète devait être magnifique pour une espèce qui aimait prendre de grande bouffées de méthane lors de son jogging du matin entre les précipices de lave en fusion. »

« Ce qui l’embêta d’abord, c’est que ses bagages avaient été acheminés dans le mauvais siècle. »

« Le silence qui s’abattit sur la cale mit tous ses occupants en alerte, humains et autres. »

« “Je ne vais quand même pas me laisser vaincre par un vulgaire petit néovirus!” se dit Rosemonde Lamarre en sentant une nouvelle quinte de toux monter dans sa gorge de titane. »

Ces cinq phrases, ce sont les débuts de cinq de mes nouvelles du recueil À contre-espace. Ce n’est pas que je veuille me citer en exemple, ni que je sois la première à noter l’importance des incipits de science-fiction, mais tandis que je me lance dans l’écriture d’un nouveau roman, je suis une fois de plus saisie par l’importance de ces phrases, que Stan Barets dans son Science-fictionnaire appelle catch phrases ou « hameçons ».

En voici quelques autres, qui ne sont pas de moi cette fois. Je les ai trouvés en ligne ou dans mes livres. Il y a quand même pas mal de monde qui s’intéresse à la question!

« Personne n’aurait cru, dans les dernières années du XIXe siècle, que les choses humaines fussent observées, de la façon la plus pénétrante et la plus attentive, par des intelligences supérieures aux intelligences humaines et cependant mortelles comme elles ; que, tandis que les hommes s’absorbaient dans leurs occupations, ils étaient examinés et étudiés d’aussi près peut-être qu’un savant peut étudier avec un microscope les créatures transitoires qui pullulent et se multiplient dans une goutte d’eau. »

– H.G. Wells, La guerre des mondes, 1898.

« À mon sens, la plus grande faveur que le ciel nous ait accordée, c’est l’incapacité de l’esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur un îlot de placide ignorance au sein des noirs océans de l’infini, et nous n’avons pas été destinés à de longs voyages. »

– H.P. Lovecraft, L’appel de Cthulhu, 1928.

 « Dans un trou vivait un hobbit. Ce n’était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d’une atmosphère suintante, non plus qu’un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s’asseoir ni sur quoi manger : c’était un trou de hobbit, ce qui implique le confort. »

– J.R.R. Tolkien, Bilbo le Hobbit, 1937.

« Le plaisir d’incendier !
Quel plaisir extraordinaire c’était de voir les choses se faire dévorer, de les voir noircir et se transformer. »

– Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953.

« C’est une histoire vraie, plus ou moins. Tout ce qui touche à la guerre, en tout cas, n’est pas loin de la vérité. »

– Kurt Vonnegut Jr., Abattoir 5, ou la croisade des enfants, 1969.

Et un classique qu’on cite souvent :

« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. »

– Christopher Priest, Le monde inverti, 1974.

La liste pourrait s’allonger presque indéfiniment. Dans la section des commentaires, n’hésitez pas à partager vos exemples les plus spectaculaires, tirés de vos œuvres ou de la science-fiction en général. Vous pouvez aussi jeter un coup d’œil à cet inventaire plus généraliste.

Tro(m)peries

Dans mon entrée précédente, je parlais de la méconnaissance de la SF par les critiques littéraires. Mais j’ai continué de réfléchir et de retourner les idées dans tous les sens dans ma tête. Je me suis interrogée sur ce que cela signifie de bien connaître la science-fiction et comment les auteurs misent là-dessus. En poussant plus loin, je me suis demandé s’il n’y aurait pas moyen de pousser cette idée et d’utiliser la connaissance du genre contre le lecteur ou la lectrice.

Dans Lector in Fabula, Umberto Eco (vous allez trouver que je suis obsédée, parce que j’en parlais aussi la dernière fois) affirme que le travail de l’auteur est d’organiser sa fiction autour d’une série de codes qui sont connus du lecteur potentiel (idéal) et qui lui permettent d’interpréter le texte de manière optimale. Dans L’empire du pseudo, Richard Saint-Gelais se concentre sur le type d’«encyclopédie» (savoir du lecteur) spécifiques à la science-fiction et comprenant aussi ce qu’on appelle les «fabulas» (ou «isotopies narratives»).

La science-fiction, telle que décrite depuis au moins les années soixante-dix (par Darko Suvin entre autres) est peut-être un genre fondé sur l’«innovation cognitive» entretenant constamment la soif de nouveauté (ou «novum») de son lecteur, elle n’en est pas moins ancrée sur une certaine dose de savoir pré-existant; surtout après au moins un siècle de SF, ce savoir est souvent toujours-déjà science-fictionnel.

Mais qu’est-ce qui arrive lorsque l’auteur, plutôt que d’avoir recours à l’encyclopédie comme à un raccourci narratif, l’utilise pour berner son lecteur; lorsque l’auteur prépare le terrain pour une fabula voire un sous-genre donné pour ensuite soigneusement la détourner? J’ai réfléchi aux récits que j’ai lus dans ma vie, et il m’est venu très vite trois exemples québécois. Je pense entre autres au roman Les voyageurs malgré eux d’Élisabeth Vonarburg, qui se présente d’abord comme une uchronie canadienne classique pour se transformer en histoire extrême de contact avec une entité extraterrestre. Il y a aussi Les jours de l’ombre de Francine Pelletier, où la fabulation de mutation initiale se mue en un récit de la supercherie historique. Dernier exemple (mais j’attends vos suggestions!) «Le pierrot diffracté» de Laurent McAllister : c’est une dystopie urbaine qui se désagrège complètement à la fin pour se changer en l’histoire… de ce qu’il ne faut pas faire dans une histoire; etc. (ce dernier exemple est amusant parce que Yves Meynard, une des deux têtes qui composent le nom de plume McAllister, a aussi fait paraître « Comment ne pas écrire des histoires » dans Solaris!).

Ces exemples de tromperies encyclopédiques, d’histoires qui non seulement s’écartent des isotopies narratives pré-négociées mais s’éloignent du sous-genre pré-établi, montrent comment les auteurs de SF sont habiles à un niveau méta- (d’où les difficultés réelles des profanes à lire de la SF?).

Méfiez-vous de mes prochaines fictions!

Qui veut me raconter une histoire de science-fiction?

Susan Sontag, sortant des questions féministes, se mêle de pornographie et de science-fiction. Selon elle, dans la SF comme dans la porno, on retrouverait un même rapport au temps et à l’espace, les mêmes « paysages anhistoriques et oniriques » et « actions figées dans le temps » (« The ahistorical dreamlike landscape where action is situated, the peculiarly congealed time in which acts are performed—these occur almost as often in science fiction as they do in pornography » : « The Pornographic Imagination », dans Styles of Radical Will, p. 46). Sauf son respect, c’est peut-être une grande auteure féministe, et je réserve mon jugement à propos de la porno, mais elle ne sait pas de quoi elle parle quand elle parle de science-fiction.

Je ne comprends pas comment elle peut décrire l’espace de science-fiction comme un espace hors de l’histoire et relevant du rêve alors que j’ai l’impression que c’est tout le contraire. Les histoires de science-fiction, me semble-t-il, sont extrêmement ancrées dans le temps et dans l’espace, parfois jusqu’à l’excès. Quand on lit les descriptions dans certains romans, on se dit que Balzac n’a qu’à aller se rhabiller avec ses descriptions de tentures faisant des pages entières.

Je pense que Sontag a peut-être lu juste quelques romans de space opera (à la Star Wars, disons) où là, c’est vrai, on se soucie peu de l’échelle du temps. Mais sinon, mon expérience de lectrice me laisse penser que, dès premiers temps, il a été important dans les histoires de SF, de situer l’action par rapport à un passé et à un futur. J’ai le sentiment que c’est même là tout l’enjeu : comprendre comment on peut passer d’ici à là, ou comment ou aurait pu passer d’un ici à un ici alternatif si l’histoire s’était déroulée différemment. Il me semble que c’est de l’hyperhistoire plutôt que de l’anhistoire!

Le nouveau et le novum

On peut faire quelque chose de neuf et d’intéressant sans que cela soit particulièrement science-fictionnel. Ou avant- gardiste. Il y a eu des moments où la science-fiction a croisé de manière plus radicale l’avant-garde et a frayé avec la nouveauté ou le difficilement reconnaissable, et deux de ces moments étaient sans doute ceux de sa double fondation, en 1818 avec le Frankenstein de Mary Shelley, et à la fin des années vingt (1929) lorsque la notion est apparue « en toutes lettres » (sans mauvais jeu de mots par rapport au festival) dans Science Wonder Stories sous la plume de Hugo Gernsback : voilà un moment de nouveauté inattendue projetant l’humanité vers quelque chose qui n’avait pas encore été réalisé. Parmi les autres moments, on retrouve l’époque de la New Wave des années soixante, inspirée de la Nouvelle vague en cinéma, où la science-fiction, après avoir poussé très loin l’exploration de contenus jusqu’à être pratiquement rejointe par la réalité des cosmonautes et des astronautes, était maintenant placée devant la nécessité de renouveler ses formes. Un autre moment fort est constitué par la naissance du mouvement cyberpunk, terme qui n’est pas né sous la plume des écrivains « bizarres » William Gibson ou Bruce Sterling, mais bien après-coup, comme façon d’étiqueter leurs percées en avant.

L’avant-garde comme la science-fiction ne sont pas juste question de nouveauté, mais aussi de déplacement de paradigme. Il faut une nouveauté spéciale, si je puis dire. Il y a une notion de science-fiction utile à cet égard, empruntée à Ernest Bloch par Darko Suvin a la fin des années soixante-dix et souvent reprise: le novum se présente comme le dit Bloch, comme « la nouveauté inattendue qui chasse l’humanité de son présent pour la projeter sur ce qui est encore irréalisé » [« the unexpectedly new, which pushes humanity out of its present toward the not yet realized…a blankness of horizon of consciousness »], donc, en quelque sorte, comme une nouvelle façon de frapper l’imagination par un effet de distanciation cognitive.

L’avant-garde n’est peut-être pas dans la nouveauté, mais elle se trouve dans la volonté d’avoir un regard neuf. Je repense à Borges et à son Pierre Ménard auteur du Quichotte, et je me dis qu’il pourrait s’agir d’une œuvre d’avant-garde en fonction non pas du résultat mais de la situation de communication. D’une certaine façon, on demande, dans un monde idéal, à chaque œuvre de SF d’être à l’avant-garde au sens militaire sinon d’avant-garde au sens esthétique. Mais l’avant-garde est aussi dans l’œil de celui ou celle qui regarde; c’est une question de lecture et d’encyclopédie (au sens ou l’entend Eco). Le novum paraitra plus ou moins sidérant selon les lecteurs. Et certains lecteurs seront frappés d’un excès d’étonnement: « Mais où prenez-vous donc toutes ces idées » demande le visiteur du salon du livre ou de la galerie. « Hélas », doit-on souvent répondre en tant que créateur ou créatrice, « dans les œuvres qui m’ont précédée, excepté peut-être cette petite idée-la ».

Cependant, s’il y a une stupéfaction excessive (ou un manque de sens historique) devant ce qui paraît novateur mais ne l’est pas ou que peu, il y a aussi, à l’autre bout du spectre, l’absence de reconnaissance de l’œuvre dans son ensemble par « excès » de nouveauté. Pour que la nouveauté opère, il faut que l’œuvre soit reçue, à la fois comme nouveauté et comme œuvre tout court, dit Bourdieu qui parle d’œuvres « raisonnables ».

Lorsqu’on lit de la science-fiction, on peut parfois s’étonner qu’elle n’aille pas plus loin. Qu’alors même qu’elle décrit « where no man has gone before » pour citer le credo de Star Trek, elle se présente parfois sous une forme bien peu nouvelle. Mais c’est peut-être qu’il faut doser le novum pour rester en fragile équilibre entre l’ébahissement et l’irreconnaissable.

Des personnages qui ont du caractère

Il est vrai que la science-fiction ne nous a pas toujours habitués à une très grande psychologie des personnages. On peut par exemple penser aux personnages de Van Vogt, d’Heinlein et bien sûr d’Asimov. La science-fiction classique nous a souvent présenté des personnages peu étoffés, à la psychologie convenue, laissant la complexité se tisser ailleurs : dans la profondeur de la réflexion scientifique, sociale ou historique.

La science-fiction nous a aussi proposé des personnages ne sortant pas des stéréotypes socio-sexuels. Je pense en particulier à une nouvelle qui m’avait frappée, à l’époque, je crois qu’elle était d’Arthur C. Clark, lui qui pourtant a livré le récit tout en nuance 2001, l’odyssée de l’espace. Dans la nouvelle à laquelle je pense, le héros est en voyage dans l’espace et ne peut que songer à la façon dont sa femme cuit les saucisses à la maison. (Est-ce que quelqu’un pourrait me retrouver le titre de cette histoire?) Je reparlerai peut-être dans ces pages du sexisme systémique dans la science-fiction d’avant James Tiptree…

Quoi qu’il en soit, les choses ont un peu changé. Alors que le personnage n’était bien souvent qu’une pièce dans le casse-tête scientifique des récits, il est devenu peu à peu un élément essentiel. Plutôt que de le placer là comme figurant, la science-fiction, à partir des années soixante peut-être, s’est mise à s’interroger sur les rapports de l’individu à la technologie.

Moi, en tout cas, quand j’écris, je place les personnages à l’avant-plan. Oui, je fais des recherches préalables, oui, je me soucie de la vraisemblance scientifique, mais pour moi il est plus important d’explorer la dimension psychosociale de ces percées technologiques. Je sais que ce que je dis peut sembler paradoxal : n’ai-je pas écrit un roman entier où les intelligences artificielles sont les personnages principaux? Mais justement, ce qu’il m’intéressait de mettre en scène dans Les vaisseaux communicants, c’est la psychologie de tout ça, entre les IA, entres les humains et entre les humains et les IA, et aussi l’aspect dialectique (important, l’aspect dialectique dans la SF; il faudra que j’y revienne aussi!).

Bien faire ses devoirs

J’ai longtemps eu peur d’écrire de la science-fiction! Sans blague : j’évoluais en pleine dissociation. D’une part, j’étais une lectrice de science-fiction avide et ne retournais à la Grande Littérature que pour satisfaire aux exigences de mes cours de littérature. D’autre part, j’écrivais en suivant les modèles qu’on m’avait présentés comme appartenant à la littérature.

Je ne le faisais pas par snobisme : je n’avais aucune pudeur à lire de la science-fiction. C’est juste qu’on me l’enseignait très rarement dans mes cours. C’était plutôt par respect que je n’en écrivais pas : je connaissais assez le genre pour connaître ses exigences. Moi qui avais la plume facile, je savais bien qu’il me faudrait sortir de ma zone de confort si je voulais écrire de la science fiction. Exit les préjugés par rapport au genre. S’il est super facile d’écrire de la mauvaise science-fiction (au congrès Boréal, chaque année, il y a un concours de « maltraitement de textes » qui l’illustrent bien : lisez ce que Philippe Aubert Côté en dit), en écrire de la bonne n’est pas chose aisée.

Pour écrire de la littérature générale, il suffit de bien écrire et de savoir construire une histoire. Enfin, je dis « il suffit », mais c’est déjà tout un défi. Cependant, pour écrire de la science-fiction, il faut tout ça et plus : il faut savoir de quoi on parle, et puisqu’on ne parle pas du monde tel qu’on le connaît, il faut se préparer à décrire ce monde qu’on pense qu’on connaîtra ou qu’on aurait connu si. Cela demande tout une réflexion! En plus, si on insère là-dedans des éléments scientifiques (ou de science sociale, c’est semblable), il faut aussi avoir fait ses recherches. Il ne faut pas nécessairement que la chose puisse exister (si elle pouvait exister, elle existerait!), mais il faut qu’on y croie. C’est un peu comme quand on écrit des romans historiques, j’imagine : un anachronisme peut faire décrocher nos lecteurs et lectrices.

Écrire de la SF, c’est du boulot!

Autopromotion

Ce blogue n’existait pas à la parution de mes deux livres précédents alors, avant de me lancer dans mon blogue, les voici :

À CONTRE-ESPACE

Un vaisseau file vers son autodestruction pendant que des passagers clandestins essaient de s’échapper de sa cale. Une voyageuse qui a décidé de passer ses vacances dans une station balnéaire du passé découvre qu’il y a bien pire que de ne pas pouvoir récupérer ses bagages sur le convoyeur. Une mercenaire qui se réveille de son hibernation au moment inopportun voit sa mission militaire se transformer en une quête spirituelle inattendue. Ces onze histoires de voyages dans le temps et dans l’hyperespace vous donnent, chacune à leur manière, des nouvelles de demain.

Françoise Préfontaine
À contre-espace et autres nouvelles de demain
Cornwall : Anamorphose, 2009, 296 pages.

LES VAISSEAUX COMMUNICANTS

On se souvient des questions diplomatiques soulevées, en 1975, par l’« Apollo Soyouz Test Project », visant l’arrimage entre un vaisseau Apollo et un Soyouz et où les deux puissances se disputaient la pièce mâle. Le débat s’était soldé par la création d’un point de jonction bisexué. Mais qu’arriverait-il si les vaisseaux spatiaux, dotés d’intelligence artificielle, pouvaient vraiment communiquer les uns avec les autres, tisser des liens et, oui, avoir des rapports sexuels. Cette question, déjà explorée dans la science-fiction classique, prend une nouvelle tournure dans ce nouveau roman de la jeune auteure Françoise Préfontaine. Elle y explore les subtilités de l’IA dans un récit où les humains ne jouent qu’un rôle secondaire.

Françoise Préfontaine
Les vaisseaux communicants
Cornwall : Anamorphose, 2012, 428 pages.