Je vais vous faire une confidence: je me cherche. Chaque fois que je visite une librairie, je vérifie si mes romans y sont. Mon plus récent roman date de l’an dernier. Je ne me retrouve généralement pas sur les rayons.
Je ne blâme pas les librairies: il faut de l’espace pour étaler tous ces livres que les auteurs et auteures n’arrêtent pas de publier sans suffisamment lire ceux des autres. (Méchanceté gratuite: la plupart des écrivains et écrivaines que je connais sont aussi avides de lecture, et c’est le reste du monde qui ne lit pas assez.) À moins que le bouquin ait fait parler de lui de manière significative ou que que ce soit un classique, un livre reste environ trois mois dans les librairies. Ensuite, on ne garantit plus rien. Il arrive que, par chance, il en subsiste un exemplaire sur les tablettes d’une ou deux succursales des grandes chaînes. Sinon, il faut le chercher à l’entrepôt, en commande spéciale. Les librairies sont avant tout des commerces, et on garde ce qui se vend.
Il m’est arrivé de me chercher dans les catalogues. Et alors, il se passe parfois quelque chose de très amusant. À une ou deux reprises, les libraires m’ont menti. Il m’est déjà arrivé de me faire répondre que j’étais épuisée, alors que je sais très bien que mon éditeur a des piles de moi dans son propre entrepôt. C’est juste que certaines grandes chaînes nationales semblent se baser sur leurs propres stocks, en oubliant l’existence des petits distributeurs: si le livre n’est pas dans leur inventaire, il n’existe pas.
Mais il m’arrive parfois quelque chose de plus particulier: je ne suis pas là où je penserais me trouver. Hier, par exemple, j’ai trouvé Les vaisseaux communicants dans la section cuisine. Remarquez, je ne suis pas la première à être mal classée: je déplace constamment les romans policiers d’Isaac Asimov de la section «science-fiction» à la section «polar», de même que tous les romans dits de «littérature générale» vers la section qui correspond à leur genre. Les œuvres de George Orwell, Margaret Atwood, Karoline Georges, et bien d’autres sont ainsi constamment ramenées vers leurs paires grâce à mes bons soins.
Curieuse, j’ai demandé à la libraire s’il y avait eu une erreur, mais elle m’a dit que, non, ils y étaient sans doute allés par le titre. («Mettez la farine dans un vaisseau de bonne taille et incorporez lentement le lait.») Cependant, en regardant la date de l’achevé d’imprimer, la libraire a sursauté. Elle m’a dit que la vraie erreur était qu’on n’ait pas encore retourné ce livre à l’entrepôt et elle est repartie avec vers l’arrière-boutique sans que j’aie pu dire quoi que ce soit. Ça m’apprendra!
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