« Elle qui n’entendait jamais sonner son réveil du temps où elle était sur Terre fut frappée d’insomnie une année-lumière avant son heure. »
« Cette planète devait être magnifique pour une espèce qui aimait prendre de grande bouffées de méthane lors de son jogging du matin entre les précipices de lave en fusion. »
« Ce qui l’embêta d’abord, c’est que ses bagages avaient été acheminés dans le mauvais siècle. »
« Le silence qui s’abattit sur la cale mit tous ses occupants en alerte, humains et autres. »
« “Je ne vais quand même pas me laisser vaincre par un vulgaire petit néovirus!” se dit Rosemonde Lamarre en sentant une nouvelle quinte de toux monter dans sa gorge de titane. »
Ces cinq phrases, ce sont les débuts de cinq de mes nouvelles du recueil À contre-espace. Ce n’est pas que je veuille me citer en exemple, ni que je sois la première à noter l’importance des incipits de science-fiction, mais tandis que je me lance dans l’écriture d’un nouveau roman, je suis une fois de plus saisie par l’importance de ces phrases, que Stan Barets dans son Science-fictionnaire appelle catch phrases ou « hameçons ».
En voici quelques autres, qui ne sont pas de moi cette fois. Je les ai trouvés en ligne ou dans mes livres. Il y a quand même pas mal de monde qui s’intéresse à la question!
« Personne n’aurait cru, dans les dernières années du XIXe siècle, que les choses humaines fussent observées, de la façon la plus pénétrante et la plus attentive, par des intelligences supérieures aux intelligences humaines et cependant mortelles comme elles ; que, tandis que les hommes s’absorbaient dans leurs occupations, ils étaient examinés et étudiés d’aussi près peut-être qu’un savant peut étudier avec un microscope les créatures transitoires qui pullulent et se multiplient dans une goutte d’eau. »
– H.G. Wells, La guerre des mondes, 1898.
« À mon sens, la plus grande faveur que le ciel nous ait accordée, c’est l’incapacité de l’esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur un îlot de placide ignorance au sein des noirs océans de l’infini, et nous n’avons pas été destinés à de longs voyages. »
– H.P. Lovecraft, L’appel de Cthulhu, 1928.
« Dans un trou vivait un hobbit. Ce n’était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d’une atmosphère suintante, non plus qu’un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s’asseoir ni sur quoi manger : c’était un trou de hobbit, ce qui implique le confort. »
– J.R.R. Tolkien, Bilbo le Hobbit, 1937.
« Le plaisir d’incendier !
Quel plaisir extraordinaire c’était de voir les choses se faire dévorer, de les voir noircir et se transformer. »
– Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953.
« C’est une histoire vraie, plus ou moins. Tout ce qui touche à la guerre, en tout cas, n’est pas loin de la vérité. »
– Kurt Vonnegut Jr., Abattoir 5, ou la croisade des enfants, 1969.
Et un classique qu’on cite souvent :
« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. »
– Christopher Priest, Le monde inverti, 1974.
La liste pourrait s’allonger presque indéfiniment. Dans la section des commentaires, n’hésitez pas à partager vos exemples les plus spectaculaires, tirés de vos œuvres ou de la science-fiction en général. Vous pouvez aussi jeter un coup d’œil à cet inventaire plus généraliste.